En précisant que sa proposition de nettoyer la bande de Gaza de ses habitants est tout simplement un projet de transaction immobilière qui n’a aucune conséquence politique immédiate et qu’il ne perd rien à attendre, Donald Trump vient de signifier que pour lui les Palestiniens de Gaza sont des locataires ou des squatters d’un immeuble en voie de démolition qu’il se propose de déloger moyennant leur « recasement » ailleurs. Il n’aura même pas à payer les frais de démolition, puisque les habitations qui faisaient partie du patrimoine historique de la vieille Palestine ont été déjà rasées par Natanyahou, couvert et soutenu militairement par Biden. L’on comprend à présent le caractère cynique de ses premières déclarations sur Gaza, qu’il a qualifié d’enclave, désormais inhabitable, sans connotation culpabilisante ou réprobatrice à l’égard de ceux qui ont commis ce crime contre l’humanité. Il se propose, tout simplement, en tant que promoteur immobilier d’être celui à qui profite le crime. En précisant que c’est avec l’argent qu’il va extorquer au Prince héritier de Saoudie, qu’il va transformer Gaza en Rivièra qu’il mettra en vente libre à tous ceux qui auront le pouvoir d’achat d’en payer le prix fort. Un clin d’oeil rassurant, adressé aux colons, dégagés par Sharon du nord de Gaza en 2005, qui seraient les acquéreurs prioritaires, bénéficiant de leur position de voisins immédiats.
Mais, au-delà de cet aspect spectacle de ces sorties du Chef de l’Etat le plus puissant de la planète qui se croit assez fort pour imposer sa vision étriquée de promoteur immobilier, au monde entier, il y a lieu d’observer que Trump, en quittant le récit, à partir duquel Israël faisait chanter les Démocrates américains, les Socialistes français et culpabilisait l’Allemagne vient de mettre en évidence la réalité nue d’Israël, en tant qu’entité sioniste, désormais fasciste juive, dont l’idéologie n’a plus rien à envier à celle d’Hitler. Ce n’est pas innocent, de la part de Trump d’avoir présenté Israël, non pas comme un état assiégé, qui aura toujours besoin de pousser plus loin les limites de son territoire, pour garantir sa sécurité, mais comme un état puissant qui a le droit d’élargir son « espace vital » et de se présenter face à son environnement géographique comme porté par une race supérieure, sûre d’elle-même et dominatrice à souhait.
Dans Mein Kampf, « Hitler transforme le concept de Lebensraum (espace vital) pour signifier sa volonté d’agrandir l’Allemagne à l’intérieur de l’Europe, de relancer, ainsi, l’idée d’une expansion vers l’Est et d’accentuer, par la même, le contenu raciste du Lebensraum qui devient explicitement lié avec la théorie de l’Herremenvolk (race supérieure des maîtres) que sont les Aryens ou race germanique. « Ainsi, écrit-il, nous autres nationaux socialistes (nazis) biffons nous, délibérément, l’orientation politique d’avant guerre…Nous mettons un terme à la politique coloniale et commerciale d’avant guerre et nous inaugurons la politique territoriale de l’avenir…. Mais si nous parlons de nouvelles terres en Europe, nous ne saurions penser qu’à la Russie et aux pays limitrophes qui en dépendent ».
En considérant, implicitement, l’Israël de Natanyahou comme réédition du projet nazi d’Hitler, Trump dont le salut nazi de son ami et soutien Elon Musk le jour de sa seconde investiture, témoigne de sa proximité avec les néo nazis américains ne fait qu’expliciter la nature de son soutien à Israël qui se présente d’abord comme confirmation du récit des colons terroristes de Hébron (El Khalil). Ces suprémacistes juifs qui érigent comme héros Baruch Goldstein, l’assassin des 29 palestiniens, entrain de prier dans El Maqam El Ibrahimi à El Khalil, (Ibrahim El Khalil le patriarche commun). Trump a, de ce fait, obligé Natanyahou à rendre ostentatoire son identité de « fasciste juif ». Ce qui rend caduque la récupération abusive de la Shoah, la vocation socialiste et égalitaire des fondateurs des kibboutz et la prétention qu’Israël est la seule démocratie du Moyen Orient. L’idée de nettoyer Gaza, de ses bâtiments en ruine et de ses habitants, pourrait se révéler un cadeau empoisonné.
Par ailleurs, on peut observer aussi qu’en proposant de transformer Gaza en Côte d’Azur du Moyen Orient, il vient, par ricochet de démythifier l’idée répandue qu’Israël est la patrie sacrée des juifs et que ces derniers seraient prêts à en défendre l’existence jusqu’au dernier colon, en érigeant comme référent symbolique le mythe de Massada. Les centaines de milliers d’Israéliens qui ont quitté leur pays d’accueil (Israël) vers leurs pays d’origine, prenaient, eux aussi, la Palestine pour un lieu de résidence paradisiaque (la Rivièra du Moyen Orient) qu’ils ont préféré quitter le jour où est tombé l’autre mythe, celui de l’invincibilité de Tsahal qui vient de perdre stratégiquement, sa guerre génocidaire après quinze mois d’héroïque résistance du Hamas et d’autres combattants palestiniens, islamiques et de gauche.
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