D’aucuns, parmi mes amis sur Facebook, ont t cru qu’en les invitant à mieux « spécifier » leur participation à la lutte de nos frères Palestiniens, et de ne pas se contenter de réagir, en recourant à ces actions prévisibles, faciles et stratégiquement peu rentables,je les appelais à ne pas exprimer leur sympathie pour une cause qui ne peut laisser aucun être humain ,digne de ce nom,indifférent.
Ce que j’avais essayé de faire comprendre dans l’article que j’ai intitulé « Facebook et réalité », c’était que l’on pourrait trouver mieux à faire, pour soutenir Gaza,dans cet espace spécifique que d’accompagner ceux qui meurent sous les bombes, par de vaines clameurs.Ces dernières, pouvant, rendre inaudibles les bruits insoutenables qui se dégagent de l’horrible carnage, que ces clameurs peuvent « couvrir », en lui servant, d’alibi.
Pour accomplir notre devoir de solidarité agissante à l’égard des Palestiniens,il est nécessaire, à mon avis,de savoir d’abord, qu’est ce qu’on peut faire pour participer à notre cause commune,chacun de son lieu propre,et en se positionnant stratégiquement, là où personne d’autre ne peut vous remplacer.
Le soutien à la cause de la Palestine peut et doit se décliner en actions spécifiques, celles qu’imposent la spécificité du front sur lequel on s’engage et à partir duquel notre contribution, même individuelle, sera la plus significative, parce que la plus efficace possible. Il faudrait rappeler à ce sujet, que le travail d’un diplomate,diffère de celui d’un journaliste et que celui de journaliste diffère de celui d’un artiste et que les fronts idéologique, culturel, économique, diffèrent entre eux et par rapport au front dit de la lutte armée. Le soutien à base de réaction, et que j’appellerais réactionnel, et qui pourrait se révéler « réactionnaire »,en misant sur le nombre de participants, tous « mobilisés » sur le front de la « protestation »,et autour d’une même idée, pourrait aboutir à des effets massificateurs qui sont de nature à priver nos jeunes et moins jeunes d’un sens de lucidité critique dont nos pays ont stratégiquement besoin.
La cause des Palestiniens, qui est notre cause,n’a pas besoin seulement d’être soutenue. Elle a besoin d’être défendue, expliquée,interprétée pour que sa présence soit aussi convaincante dans les champs du symbolique,comme dans ceux que recouvre l’activité de l’historien ou bien celle du juriste.Défendre une cause est souvent affaire d’avocat, mais pour être rentable ce dernier doit surtout veiller à ne pas vouloir prendre la place du politique, du journaliste, ou bien du diplomate.Chacune de ces fonctions recouvre, en fait un champ d’intervention bien ciblé et concourt à partir de la tâche spécifique qui lui incombe à la réussite de l’ensemble : le soutien efficace à la cause commune. Bien sûr, il y a de bons et de mauvais avocats, de bons et de mauvais journalistes,de bons et de mauvais politiques et de bons et de mauvais artistes .Mais il est souvent préférable de ne pas se « juger » entre participants à une même cause et de considérer que l’action unit et les jugements à caractère morale ou théorique, peuvent être à l’origine de divisions peu rentables.L’on parle alors de questions de priorité.
Pour ma part je considère prioritaire que mes amis dont une majorité est composée de mes propres étudiants,apprennent à reconnaitre la réalité des choses dans leurs nuances.
Comprendre que la Résistance n’est pas la Guerre, pour mieux se convaincre du fait certain que la Résistance est invincible…jusqu’au moment où celui qui la pratique se met, par contagion ou réaction à faire la guerre, lui aussi , en répondant à la guerre que mène contre lui un puissant, par le recours coûteux à une guerre de pauvres, avec des moyens de pauvres , en perdant par la même les retombés positives symboliques et l’avantage stratégique de la résistance.
La résistance a été inaugurée, sous sa forme spécifiquement palestinienne, par khalil al wazir, Abou Jihad.Cela consistait, à l’instar de Ghandi , à attaquer l’ennemi, sur un terrain moral, tactique dont seul ce dernier avait usé, en culpabilisant le monde entier pour un crime commis à l’encontre des juifs, par l’Allemagne nazifiée.L’image du gosse auquel on brisait les os du bras et celle de mohamed Eddorra , assassiné dans les bras de son père,ont, fait le tour du monde et provoqué l’apparition d’objecteurs de conscience, au sein de l’armée. israélienne.Aujourd’hui,grâce à la guerre des pauvres, menée par les miliciens du hamas qui « bombardent » Israël avec des fusées à effet pour le moins symbolique,les soldats israéliens peuvent, en toute bonne conscience, tuer des centaines d’enfants, de femmes et de vieillards,tout en étant sûrs du soutien d’une population que l’on dit exaspérée par las attaques du hamas.
En langue arabe, la guerre désigne les luttes entre tribus ennemies, à l’époque antéislamique de la Jahilya, alors que la Résistance s’apparenterait beaucoup plus au Jihad qui lorsqu’il est pris pour la Guerre sainte, perd sa qualité de Jihâd et fait retourner ceux qui le pratiquent en Jahilya.Lus sous cet angle , l’on peut comprendre que les ennemis des peuples musulmans qui voudraient que ces derniers retournent en Jahilya, aient commencé par assassiner Abou Jihad, pour sortir, de prison Cheikh Yassine et le tuer à son tour afin de donner plus de légitimité à ses alliés objectifs et affaiblir en conséquence Arafat qui sera assassiné à son tour.
Ce n’est donc pas par nostalgie pour l’époque où j’avais seulement 40 ans et que j’étais l’éditorialiste du quotidien de mon parti que j’ai éprouvé le besoin, en tant qu’enseignant et en tant que citoyen, de rappeler à la mémoire des mes amis, cette phase héroïque de la Résistance palestinienne, où Yasser Arafat disait à sa sotie de Beyrouth assiégée par Sharon et venant à Bizerte, : « Je vois naître à l’horizon un homme nouveau »,désignant, par la même le caractère fondamentalement optimiste et utopique de toute résistance. Et c’est en cela que la résistance est invincible.
naceur ben cheikh
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