A plusieurs reprises, dans son interview à Nesma, Béji Caid Essebsi a tenu à préciser, encore une fois qu’il n’était pas contre Ennahdha qu’il qualifie de composante normale du réel politique tunisien et qu’il était prêt à les aider . Il faut le croire, parce qu’il est de bonne foi et se comporte en homme politique et non pas en politicien partisan. Il faut le croire, lorsqu’il dit que de son point de vue la patrie passe avant les partis et que son programme consiste à faire profiter la Tunisie de sa révolution en la faisant accéder à un mode de gouvernement de démocratie avancée. Pour y arriver, il ne faut surtout pas pousser celui qui détient le pouvoir, à la faute, parce que toute tension politique est susceptible de retarder dangereusement la maturation démocratique de l’ensemble des intervenants ou des prétendants. Parce qu’à la différence des démocrates idéologues Béji Caid Essebsi, sait que la démocratie ne peut être réalisée que dans le dialogue et l’acceptation par tous du vivre ensemble politique. La démocratie ne s’impose pas comme le croyait Tahar Belkhodja qui s’adressant aux députés, en tant que Ministre de l’Information, leur a dit, « la démocratie on va y arriver, que vous le vouliez ou non ». (début des années 80).
C’est dire combien le danger est grand, non seulement pour notre culture notre mode de vie et nos croyances, mais également pour notre économie réelle, fondée sur la valeur travail, de laisser faire les plus ignorants parmi nous dont le programme économique consiste à nous aliéner aux capitaux en quête d’investissement spéculatif et peu soucieux de la valeur travail qui fait la force réelle de notre économie tunisienne.
Réussir la transition démocratique vers l’instauration d’une démocratie avancée c’est ce que l’on peut souhaiter de mieux comme aboutissement heureux à notre révolution. Car seule une société démocratique serait capable de garantir la justice entre tous ses citoyens et toutes ses régions, de créer un climat favorable à la création de richesse et à l’ancrage de l’économie dans le travail, seule valeur pouvant nous éloigner des économies métaphysiques des rentiers du pétrole et des banquiers à vocation spéculative. Economie métaphysique dont les incidences se font sentir au niveau du monde entier et dont les capitaux générés par la manne pétrolière n’étant pas le fruit du travail ne sont pas investis dans le travail de production de richesses. Observez les journaux télévisés consacrés aux cours des bourses arabes des pays du Golfe et vous constaterez que l’on n’y parle que de spéculations, de banques, d’assurances et de grandes sociétés spécialisées dans les services dont l’activité réelle est assurée par le biais de sou-traitants étrangers.
Naceur Ben Cheikh
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