Matmata : Ceci n’est pas un paysage du Sud Tunisien.

Un paysage est-il une image reproduction de la Nature ou bien une interprétation humaine et donc culturelle de cette dernière. La peinture coloniale, reprenant , pour son compte le rapport d’exploitation de la terre « étrangère à notre sang » par le mode de production capitaliste propre aux colonies, avait transformé la Nature en Tunisie en mine de Paysages qu’il suffit de peindre pour les transformer en tableaux et ainsi procéder à sa mise en valeur faussement symbolique à vocation économique et politique. Qu’on le veuille ou non, une peinture est toujours une chose mentale, les outils de la représentation, le point, la ligne le dessein , la couleur et la surface plane sont d’abord des concepts concrets qui nous permettent de donner forme à ce que nous ne pouvons voir que transformé par notre activité de visualisation du monde, médiatisée par la langue et les signes visuels.
Dans cette image, que j’ai intitulée Matmata, je ne reprend rien de ce qui se donne à voir dans cette région où la présence de l’homme découle d’une attitude où la culture s’inscrit dans le corps même de la terre qu’elle sacralise. Les maisons troglodytiques épousent les aléas du relief en alliant harmonieusement le construit et le creusé, le tout dans une vision à portée de main et non à portée de vue.On ne peut donc les transformer en paysage qu’en niant l’activité symbolisante et interprétative de l’acte de peindre, ou bien en transformant ce Sud Nôtre, en spectacle des apparences, utile pour la promotion du Tourisme, mais dangereux pour l’activité de création plastique.
Ceci est une image numérique, sans aucune base photographique, mais dont l’organisation de sa surface écranique est produite par des logiciels dont les formes graphiques et colorées qu’ils produisent rendent visible l’invisible des équations mathématiques qui relèvent de l’Ordre du Chaos et à ce titre imprègnent l’Ordre Discret de la Nature, lui aussi Chaotique.