les médias français et la Tunisie : myopie flagrante ou mauvaise foi ?
Il n’est pas sain de toujours expliquer le présent par le passé. Cela nous empêche de voir le nouveau qu’on n’a jamais vu auparavant. Même si la connaissance des donnés historiques fondamentale d’un peuple ou bien d’une nation, est avérée nécessaire à la connaissance de la réalité spécifique de ce peuple ou de cette nation, à un moment précis de l’Histoire. Car l’histoire ne se répète que pour ceux que se laissent leurrer par les perspectives à l’occidentale. Ces dernières les artistes les pratiquent et certains parmi eux se rendent compte qu’elles placent leur point de fuite sur une ligne d’horizon, située là ou le ciel touche la terre. Et c’est à partir de ce point impossible, que l’on organise l’illusion que certains vont prendre pour une réalité tangible en prétendant que leurs images sont des fenêtres ouvertes sur le Monde.
Cette réflexion je la fais, pour dire que si les médias français dans leur majorité, continuent à ne rien comprendre à la réalité tunisienne, cela n’a rien d’étonnant. Et ce, parce que de par son mode de réflexion axé sur la réduction de la réalité en images, la littérature journalistique ne peut se passer de projection. Protection de soi sur l’autre dont on ne peut percevoir la différence qu’en termes d’exotisme et d’exclusion du lieu à partir duquel le Sujet Occidental se définit comme seul et unique faiseur d’une Histoire que l’extrême droite américaine tente d’achever dans le chaos.beaucoup plus que par le chaos .
De cet ethnocentrisme morbide dont on se laisse penser qu’il n’est plus d’actualité, il semble que les médias français n’en sont pas encore guéris.
A la lecture des titres donnés aux dépêches annonçant la désignation de Habib Essid, comme Chef de Gouvernement, on est tenté de croire que ces médias n’en reviennent pas du fait que la Révolution tunisienne est à nulle autre pareille. C’était vrai de notre lutte pour l’Indépendance, ça l’est encore vrai aujourd’hui.
Habités par cette métaphysique qui oppose le nouveau à l’ancien et le jeune au vieux, ils prétendent qu’on ne peut faire du nouveau avec l’ancien et qu’il y aurait une sorte de lien naturel entre la capacité d’innovation (et donc de révolution) et la jeunesse physique et la bonne santé.
Ce n’est pas vrai pour les êtres humains que sont les Tunisiens dont des compétences ont participé à l’édification de la Tunisie moderne et continuent à le faire, en participant à sa révolution.Eux, ils savent que le monde change et ils se changent eux-.mêmes en participant à son changement, sans croire nécessairement qu’ils en sont les sujets. Car il y a une différence radicale entre les hommes d’action, capables de se transformer eux-mêmes (يغيروا ما بأنفسهم) et les opportunistes qui s’adaptent à n’importe quelle réalité. Tout comme le reste des animaux.
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