L’Enseignement Supérieur à l’épreuve de l’Economie:de quelle qualité et de quelle performance parle-t-on?

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Pour que cette analyse soit continuée, avec la rigueur méthodologique qu’impose le caractère stratégique de son objet, je vais, à présent, essayer  de clarifier le sens spécifique de cette idée  d’accès à la qualité, dont la réforme de notre Enseignement Supérieure, en fait son objectif principal.

Pour ma part, je pense que la notion de « qualité » ne signifie pas, ici, le produit de la performance du système, mais, plutôt, sa qualification même à être performant, à sa manière. Et ce, par son accès à sa dimension propre de système de qualité qui ne peut être reconnu comme tel qu’en étant original, c’est-à-dire d’origine, dans le sens d’originel.

Cette notion d’origine n’est pas comprise, ici, au sens d’une quelconque donnée mythique de projection, fixe et stable, mais comme une activité de création permanente, de son identité active, qui serait, dans ce cas, en perpétuelle évolution, grâce à son ouverture confiante en elle-même, sur les autres.

Autrement dit, l’accès d’un système d’enseignement, le cas échéant, le nôtre, à sa qualité propre, n’est pas donné. Cela sera l’objet de recherche continue, fondée sur une activité de reconnaissance de nos moyens spécifiques, à travers leur comparaison aux  moyens, spécifiques eux aussi, de nos partenaires.

Cette référence à la notion de qualité n’est pas sans rappeler, qu’elle est associé, ici comme ailleurs, à celles d’évaluation interne et externe et d’accréditation des institutions. En associant ces dernières à celles de comparaison et de performance, l’on  peut  constater, en effet, que nous nous trouvons en présence de termes issus du champ particulier aux Sciences Economiques et de Gestion et qui se rapportent à une technique, souvent citée par les collègues spécialisés en ces domaines, lorsqu’ils évoquent la question de la  mise à niveau de notre système d’Enseignement Supérieur.

Il s’agit du  Benchmarking dont le sens étymologique  renvoie à la fois aux mots anglais Bench : banc d’essai, associé à Marking : notation et à  Benchmark : la borne, la référence. L’une des applications, la plus facile de cette technique, se fonde, entre autre, sur la recherche, chez les entreprises les plus performantes, des processus qui sont à l’origine de l’optimisation de leur système, en vue de les étudier et de les adapter, ensuite, à sa propre entreprise. Ce qui serait donc sous entendu dans cette insertion du terme Benchmarking, dans la réflexion qui se fait autour de la Réforme, c’est l’idée d’une application possible, à ce domaine très spécifique de l’Enseignement Supérieur, de techniques d’analyses et d’évaluation, qui ont déjà fait leurs preuves, dans la gestion des entreprises économiques. On peut être autorisé à le croire, puisque, comme on l’a déjà remarqué, ce rapprochement, implicite, entre une technique d’amélioration du rendement des entreprises économiques et le contenu supposé de la réforme de l’Enseignement Supérieur, se retrouve, aussi, dans cette référence, également commune, à la notion de Qualité , qu’il faudrait peut-être transcrire sous sa forme d’origine : Quality

Dans le cas du  Benchmarking, elle se rapporte, à une  démarche qualité qui consiste à procéder à l’analyse du fonctionnement d’un système, en vue de l’optimisation de sa performance et ce, en faisant évoluer continuellement la culture d’entreprise qui le porte, par sa confrontation comparative à d’autres systèmes jugés les plus performants.

L’on peut aussi remarquer qu’en la matière, il y a plusieurs types de Benchmarking : interne, compétitif ou concurrentiel, fonctionnel et générique. Leur description, accompagnée de leur taux d’efficacité respectifs, en matière d’amélioration du rendement d’une entreprise, est pour le moins significative.

Le type « interne » consiste à comparer vos opérations à d’autres opérations similaires à l’intérieur de votre propre organisation. Le fait que l’on demeure dans le même contexte de culture d’entreprise, pourrait être associé à son faible taux  d’amélioration qui ne serait  que de dix pour cent. Celui, qualifié de compétitif ou concurrentiel, consiste à se comparer aux meilleurs concurrents et son taux d’amélioration serait de vingt pour cent.[1] Pour ce qui est du troisième, dit « fonctionnel », il s’agit de comparer des fonctions similaires dans des entreprises non concurrentes, alors que le type « générique », désigne un procédé qui consiste à comparer ses pratiques, ses méthodes de travail avec celles d’un secteur totalement différent. Pour  le fonctionnel autant que pour le générique, le taux d’amélioration atteindrait les trente cinq pour cent.

Comme on peut le constater, il est question de l’évaluation de ses moyens et modes de fonctionnement, en les comparant à ceux d’entreprises, objectivement plus performantes. Mais l’on est en droit de supposer que le taux d’amélioration est fonction de la nature de la comparaison et de l’effet que cette situation pourrait avoir sur l’évolution souhaitée de la culture d’entreprise de l’entité économique concernée. Et l’on peut observer à ce sujet que les meilleurs taux d’amélioration se réalisent dans le cadre de comparaisons entre entreprises appartenant à des secteurs d’activités  totalement différents.


[1] Source : IDECQ,  Institut de Développement de la Compétitivité par la Qualité, Saint Etienne (France). Dossier préparé par Collette Rochon et Guillaume Romier et publié sur Internet : Web : www.idecq.fr . Juin 2008

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